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Le blog de Mohamed Seck

De qui se moque le sieur Abdoulaye Wade ?

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  • Le jeudi 13 novembre 2014

Une fois n'est pas coutume, je reprends ma plume enterrée depuis 2012, lorsque qu'une majorité du peuple sénégalais en faisait de même pour le régime libéral qui avait à sa tête le sieur Abdoulaye Wade. Oui, je lui refuse le titre d'ex président puisqu'il ne le mérite pas.
J'avais à peine un peu plus d'une dizaine d'années lorsque cet homme que la clameur publique nous avait décrit comme le messie qui nous ferait oublier la très longue période de léthargie dans laquelle les socialistes avant lui nous avait entrainés.
Comme tous les enfants de notre époque le vieux chauve qui portait des bretelles et une cravate nous faisait rêver. Il nous avait promis un avenir radieux où il serait difficile de croiser un chômeur au coin de la rue. Il nous avait promis le kilo de riz à 60 francs entre autres. D'autres réussites, d'autres merveilles et d'autres choses qu'il nous est difficile aujourd'hui de retrouver dans notre mémoire sans risquer de croiser les cauchemars et injustices auxquels il nous a habitués.
Sous son magistère les fautifs n'ont jamais été sanctionnés (affaire des réacteurs de l'avion présidentiel, affaire du Joola). Il semble être à l'origine de tout ça. Les délinquants financiers n'ont jamais été punis (affaire des chantiers de Thiés, affaire de l' ANOCI). Les auteurs de bavures n'ont jamais été identifiés (assassinat de Balla Gaye en 2002 jusqu'à la campagne 2012). Assassinats, complots, gabegies, népotisme, manipulations, un cocktail dégueulasse qu'il nous a offert à boire pendant 12 ans. Pour vous dire que cet homme que nous avons tant admiré n'est en fait qu'un monstre doublé d'un manipulateur.
Voilà un individu qui veut aujourd'hui nous appeler à descendre dans la rue, faire une marche et soutenir sa cause personnelle (la libération pure et simple de son fils qui fait face à la justice). Le plus extraordinaire est qu'il est soutenu par des lobbies pompeusement appelés organisations de droits de l'homme toujours prêts à crier et à jacasser. C'était pourtant ceux-là qui l'avaient combattu il y a un peu plus de 2 ans. Je suis encore plus surpris lorsqu'un individu comme Pape Diop, ex président du Sénat, prend sa défense. Et pourtant, Abdoulaye Wade l'avait accusé de sacrifices d'albinos lors de joutes électorales précédentes ?
Grand Dieu, je ne reconnais plus mon pays ! Dans un pays normal, le procureur se serait auto saisi depuis longtemps pour éclairer l'opinion sur les agissements de ce délinquant du troisième âge. Mais bon, nous sommes dans le cas séné... Galérien

Koxeur : ce parasite qui tue l’agriculture et le transport au Sénégal

Le mot coxeur est un terme au Sénégal qui désigne l’intermédiaire présent dans le milieu de la commercialisation des produits agricoles et le rabatteur dans le milieu du transport. Regroupant au début d’anciens agriculteurs ou chauffeurs, devenus indigents ou sans moyens pour exercer leur profession, cette corporation a su s’imposer dans les deux milieux, au point d’en devenir des acteurs incontournables. Cependant, le racket qu’ils exercent sur les producteurs comme sur les usagers des transports, fait qu’ils sont critiqués et contestés. Sauront-ils survivre au progrès ?

Dans une société où l’entraide est très présente, le koxeur a su trouver un terreau fertile à ses activités. En effet, sous le prétexte de leur état d’indigence, ils sont nombreux ces vieux et ces jeunes qui exercent dans les gares routières et autres arrêts de cars. Exigeant une commission qui atterrit le plus souvent dans leurs poches et appelée à tort mandat. Ils ne se gênent plus de tenir en laisse les transporteurs. Pour garantir ces rentrées financières, un fin maillage des arrêts et gares a été établi.

Pour les gares routières, ils se sont substitués parfois aux transporteurs pour collecter l’argent à l’achat des billets et ne le leur versent qu’après avoir prélevé une certaine somme. Pour les arrêts de bus c’est simplement en prétextant avoir orienté les voyageurs vers les cars, qu’ils exigent des apprentis leur « mandat ». Mis sous pression par leurs maître-chanteurs, les apprentis finissent par payer pour s’en aller. Parfois et d’ailleurs souvent, ces conflits s’élargissent aux voyageurs car les « koxeurs » exigent d’eux de verser en plus du prix de leur transport, une autre somme pour leurs bagages. C’est à se demander si on doit voyager sans bagages au Sénégal ?

Dans le domaine des marchés agricoles, la situation est encore plus renversante. En effet, les « koxeurs » se sont installés comme intermédiaires entre les agriculteurs et les commerçants grossistes. En effet, réunis autour d’un bureau des « koxeurs » fixent les prix à leur avantage et ne manquent pas de créer des crises pour tirer encore plus de profits. Prenons l’exemple d’un producteur de tomates qui appelle le « koxeur » pour s’informer sur les tendances du marché. Celui-ci lui garantira un prix correct pour une commercialisation rentable. Entre temps, les « koxeurs » auront tirés les prix à la baisse par entente. Arrivé au marché, l’agriculteur n’aura que ses yeux pour pleurer mais …le coxeur n’est jamais bien loin. Il lui proposera de l’aider à vendre son produit moyennant au moins 300 francs le cageot de tomates de 2500 francs. L’agriculteur sera obligé d’accepter pour ne pas augmenter ses charges et diminuer sa marge. Rapidement, le « koxeur » fait un tour et revient avec la somme convenue pour l’achat du stock total tout en défalquant le « mandat ». Si l’agriculteur est patient, il assistera impuissant quelques minutes plus tard à la revente de sa marchandise par le « koxeur ». Le prix passera de 2500 francs à 4000 francs le cageot. En résumé le coxeur aura reçu 1800 francs de bénéfices par cageot pour une simple négociation sans pour autant avoir bougé du marché.

Ce qui est choquant dans tout cela, c’est que l’Etat comme la population a laissé cette activité perdurer. Comment comprendre que cette escroquerie se soit installée depuis si longtemps sans que l’autorité publique ne légifère ? Pourquoi cette race de prédateurs n’est pas éliminée ? D’année en année, cette corporation s’est développée comme un cancer pour ces secteurs stratégiques de l’économie sénégalaise et elle prend des allures de « mafia ». Son élimination permettrait aux transporteurs comme aux agriculteurs d’avoir une marge bénéficiaire correcte et aux consommateurs une baisse des prix sur les services et les produits agricoles. Au-delà, la lutte contre se phénomène peut s’inscrire dans celle contre l’enrichissement illicite et le racket. Le premier pas peut être franchi avec l’ouverture de la nouvelle gare routière des « baux maraîchers » sans « koxeurs » ni marchands ambulants.

 

Mohamed Seck

Mai 2014

Et si notre patronat n’en était pas un ?

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  • Le dimanche 18 mai 2014

1964551-10202481769837085-845967464-n-1.jpgDepuis le début des années 90, la mondialisation a émergé comme le systéme politique et économique dominant. Cet essor de l’entreprise sur les gouvernants suscite crainte et admiration. Les récentes crises financières ont d’ailleurs placé la compétitivité de ces entreprises et  la réduction du chômage comme des enjeux de maintien au pouvoir des groupes politiques. Au Sénégal, plusieurs associations d’entrepreneurs et d’industriels sont apparues pour défendre les intérêts de leurs membres. A l’heure du bilan des résultats probants font défaut.

Très nombreuses sont ces associations de patrons et d’entrepreneurs au Sénégal. Des noms très sérieux et très évocateurs nous interpellent : le Conseil National du Patronat, le Conseil National des Employeurs du Sénégal, le Mouvement Des Entreprises du Sénégal, entre autres. Si pour certains l’organisation d’une soirée de gala annuelle ou d’un forum pour l’emploi constitue le bilan annuel des activités, les autres se limitent à critiquer la situation économique du pays. Le ralentissement de l’économie, la pression fiscale et l’inadaptation de la formation des jeunes au marché de l’emploi restent leurs sujets favoris. Le débat ne finit jamais. Ce n’est jamais de leur faute !

Les différents dirigeants de ces structures ne manquent jamais de se présenter comme des acteurs de la lutte contre le chômage. Et pourtant, aucun chiffre annuel sur leurs recrutements n’est présenté. C’est à se demander si l’amnésie est leur mal commun. Et puis, que dire de l’indignation du choix par l’Etat porté sur des multinationales pour la gestion d’infrastructures comme le port de Dakar ou l’autoroute à péage ? Combien de fois les a-t-on entendus se plaindre du monopole d’entreprises étrangères et surtout françaises ? Qu’ils arrêtent de nous divertir !

Si leur souhait était de réussir, ils pourraient s’organiser en mettant en commun leurs fonds. Nous sommes dans un monde de vitesse et de communication, certaines pratiques ne peuvent plus prospérer comme avant. Les miettes que chacun ramassée une fois mises en commun donneront la miche de pain  et une meilleure répartition des richesses. Citoyens du même pays, nous souhaitons la réussite de nos entrepreneurs locaux. Donnons-nous la main et réussissons ensemble.

Mohamed Seck

Mai 2014

« Térangas », cette pratique sociétale qui dérange !

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  • Le samedi 10 mai 2014

02042012280-5.jpgLe Sénégal est communément appelé pays de la téranga. Ce terme est synonyme d’hospitalité dans le sens le plus connu. Souvent utilisé au pluriel, il signifie cadeaux ou présents. Aussi dans la société sénégalaise, c’est devenue une règle tacite pour la maman de la mariée d’honorer à travers une remise publique de cadeaux, les parents au sens large de l’époux. Source de stabilité ou de conflits ? Cette pratique suscite aujourd’hui moult controverses.

Le mariage est l’union des âmes. C’est la rencontre entre deux individus de deux sexes différents et qui choisissent de s’unir selon les règles de la société. A cela, il faudrait ajouter qu’il est aussi l’union de deux familles. Si pour la cérémonie religieuse, le futur époux doit verser la dot; à la naissance du premier bébé, la règle non écrite oblige l’épouse à offrir des cadeaux à sa belle famille. Cette cérémonie qui n’est d’ailleurs pas dictée par la religion pose problème en ce sens qu’elle est coûteuse, financièrement parlant.

Sous le fallacieux motif qu’une importante somme d’argent fut versée pour la dot, la belle famille exige souvent la Téranga. En attendant, que cela se fasse, des beaux parents belle-mère ou belle-sœur, n’hésitent pas à transformer la vie de la mariée en enfer. A travers des provocations verbales, elles mettent la pression sur cette dernière. Ainsi, la stabilité du couple est remise en cause. D’ailleurs, certaines femmes évoquent, cette raison comme la cause de leur divorce.

Durant cette mondanité, sont généralement présents les femmes membres des deux familles ainsi que d’autres invité(e)s. La mère de la mariée assistée de ses cousines et de sa griotte offre tissus et argent. Avec la modernité, une liste des noms de la famille à honorér, préalablement constituée, est consultée.

261ab05cDans le principe, il s’agit d’offrir à chaque membre de la famille de l’époux un tissu et l’argent qui va avec pour la confection de l’habit. Le ridicule sera atteint lorsque pour montrer leur noblesse, ceux qui recevront ces cadeaux les redistribueront sitôt aprés à une autre personne de l’assistance ou absente, sous le regard de la griotte, maîtresse de cérémonie.

C’est seulement après cette prouesse de gaspillage financière que l’épouse sera jugée digne de sa belle famille. D’ailleurs, au cours de la cérémonie plusieurs membres de la famille de l’époux essentiellement les femmes prendront la parole pour témoigner que leur fils, neveu ou frère a choisi une bonne épouse. Surprenante manière de témoigner d’une affection !

Aujourd’hui, il faut le reconnaître beaucoup de jeunes couples s’insurgent contre cette pratique. Ce boulet continue de leur plomber les ailes au moment où la cherté de la vie appauvrit  les mariés. N’ayons pas peur de le dire, c’est tout simplement de l’hypocrisie que de vouloir banaliser ce gaspillage. D’autant plus que faire la Téranga à sa belle famille, ne garantit pas à l’épouse une vie paisible. Combien en sont sorties avec des dettes ou l’insatisfaction de parents et malheureusement le divorce ? A l’heure où on parle d’efficience, il aurait mieux valu pour ces parents d’offrir à ces jeunes qui s’unissent, les moyens de leur indépendance économique gages pour certains couples d’une réussite de leur mariage.

Mohamed Seck

Mai 2014

Sénégal : une destination touristique en perte de vitesse

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  • Le mercredi 07 mai 2014

1964551-10202481769837085-845967464-n-1.jpgLe tourisme représente la première industrie économique au monde devant l’industrie automobile et l’informatique avec un flux de capitaux de l’ordre 837 milliards d’Euros en 2013 selon les estimations de l’Organisation Mondiale du Tourisme.

Avec son hospitalité légendaire « la Téranga », le Sénégal est un pays stable qui compte sur ce secteur pour son émergence économique. Avec 222,8 milliards FCFA de recettes brutes en 2010, le tourisme est la deuxième source de devises après la pêche. L’objectif de deux  millions de touristes est visé en 2020. A l’image de pays comme le Maroc, l’Egypte, etc. notre pays pourra-t-il profiter de ce boom ?

Porte de l’Afrique de l’Ouest, ancienne colonie française, le Sénégal a une population jeune et de plus en plus instruite. Réputés être de grands voyageurs, les Sénégalais constituent de fortes communautés un peu partout dans le monde. Des hommes politiques, des intellectuels, des sportifs et des artistes ont vendu la destination Sénégal à travers le monde.

A l’heure où le monde est devenu un village planétaire, les citoyens du monde poursuivent leur découverte de zones jadis inconnues. Le voyage constitue la meilleure manière de s’imprégner de la culture des autres peuples, de leurs us et coutumes afin de s’en inspirer, d’échanger, de faire des affaires ou simplement de se divertir.

Au Sénégal, le tourisme c’est prés de 100 000 emplois et une contribution non négligeable au PIB. Diverses facettes du tourisme existent au Sénégal : balnéaire, d’affaires, de mémoire ou encore l’écotourisme. Les principales activités touristiques sont les excursions dans les parcs naturels, la chasse, les visites de sites historiques où la farniente dans les réceptifs hôteliers. Bref, il existe bien un secteur relativement organisé entre les voyagistes (tour-opérateurs) et les centres de loisirs. Toutefois, le tourisme ne se résume pas à ces aspects. Certains touristes choisissent de vivre dans des familles sénégalaises pour mieux s’imprégner du vécu des sénégalais : il s’agit, selon l’expression consacrée, du tourisme intégré.  

Pays à dominance religieuse avec une population à majorité musulmane, le Sénégal souhaite aussi développer le tourisme à caractère religieux. En effet, de nombreux savants soufis ont vécu dans ce pays et leurs œuvres littéraires sont de plus en plus vulgarisées. Ainsi, à l’image de la célèbre ville de Tombouctou au Mali, la ville de Pire a abrité une université islamique il y a plusieurs siècles. Les anciens auteurs sénégalais d’écriture arabe se retrouvent dans divers terroirs et leurs œuvres continuent tant bien que mal à être conservées. La communauté chrétienne aussi à des sites à valoriser  comme celui de Popenguine où la vierge Marie fut apparue.

La destination Sénégal est très attractive pour l’Europe et l’Amérique grâce à sa proximité. Cependant certaines attitudes et réalités du terrain constituent un frein au développement du secteur touristique.

En effet, l’aéroport offre la première impression à un visiteur de notre pays. Malheureusement l’image qui est offerte est loin de la carte postale touristique du pays de la téranga. Le touriste est accueilli par une horde de gens (cambistes, vendeurs de puces téléphoniques, taximen, badauds) offrant divers services. Ce qui est gênant dans tout cela c’est la pression exercée sur le touriste. Cette quasi-émeute qui à l’accueil aéroportuaire peut d’emblée donner déjà une très mauvaise image du pays.

En poursuivant sa route, le regard du touriste sera d’abord attiré par l’impressionnante quantité de sachets usagés à l’air libre puis sera choqué par l’insalubrité du pays. D’ailleurs, il faut signaler que les emballages plastiques annoncent la présence des lieux de résidence en zone rurale. Ce qui constitue un véritable fléau. En outre l’indiscipline caractérisée des Sénégalais se vérifie dans la rue par le non respect du code de la route, des passages cloutés, les dépôts sauvages d’ordures, l’odeur nauséabonde des urines entre autres. L’occupation anarchique des rues et des marchés ainsi que le très mauvais système de transport démontreront à suffisance que l’ordre n’est pas une valeur pour les gens de ce pays.

objets-d-art.jpg102-3939.jpgAu moment de rentrer, il est naturel d’acheter un cadeau ou un souvenir du séjour. L’endroit indiqué est l’un des villages artisanal puisque les marchés locaux offrent surtout des produits mal conditionnés. Là bas aussi, si ce n’est la mauvaise qualité des produits, c’est le manque de créativité et d’innovation qui freine le secteur. Et pourtant l’artisanat est très lié au tourisme puisque la demande intérieure pour l’artisanat d’art n’est pas très importante. Incapables de s’organiser et très frileux dans leurs investissements, les artisans pêchent par leur amateurisme au moment où le marché mondial de l’art explose. Travailler avec des designers et s’ouvrir aux autres artistes du monde peut permettre à ce secteur de sortir de la crise.

L’ensemble de ces points sombres empêchent le Sénégal d’attirer beaucoup plus de vacanciers. La conséquence immédiate est que d’autres destinations sont préférées au pays de la téranga comme la Gambie voisine.

Avec plus de 1000 Kilomètres de côte marine, le Sénégal continue à avoir des atouts valables pour se positionner sur le marché du tourisme. Pour cela, il est nécessaire de sensibiliser les populations sur l’amélioration d’abord de leur cadre de vie, ce qui constitue déjà un vaste chantier. L’insalubrité et la modernisation du service des transports doivent être identifiées comme des objectifs intermédiaires pour l’atteinte de l’objectif d’un million de touristes. De plus, il serait intelligent de repenser le tourisme au Sénégal pour que les autochtones puissent mieux connaitre le pays. Voici une niche qui pourrait satisfaire les velléités de voyage des adultes comme des plus jeunes sénégalais d’ici ou de l’étranger. Tous les emplois qui en résulteront feront sortir notre économie de la morosité.

Mohamed Seck

Mai 2014

Des producteurs modernes pour une autosuffisance en riz

1937868 10202481781317372 1039559286 nDepuis les années 60, l’Etat du Sénégal à travers divers politiques et programmes a souhaité faire de l’agriculture le socle de son développement économique.

Long de prés de 1800Km, le fleuve Sénégal devait y participer en soutenant l’agriculture irriguée dans la vallée et le delta. Prés d’un demi-siècle plus tard, force est de reconnaître que les objectifs tardent à être atteints en matière d’autosuffisance alimentaire. Nous sommes en droit de nous interroger sur les raisons de ce blocage. Viennent-ils des structures étatiques ou des producteurs et de leurs organisations ?

C’est en 1965, que la Société d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta et de la vallée du fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED) fut créée.  Ses missions étaient la réalisation des aménagements hydro agricoles en régie, l’exploitation et l’encadrement technique, la gestion des réseaux et stations de pompage ainsi que  la transformation et la commercialisation de la production agricole.

A la faveur de son désengagement dans les années 90, un ensemble de compétences est transféré aux organisations de producteurs. La SAED se concentre sur la mise en œuvre des investissements de l’Etat, la planification régionale, l’appui-conseil et la formation aux organisations, le suivi-évaluation et la recherche-développement.

La maîtrise de l’eau a été aussi un défi majeur pour les jeunes Etats africains après leur indépendance. Ceux riverains du fleuve Sénégal créèrent en 1972, l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Dans l’optique de mieux gérer le liquide précieux, des barrages seront construits afin de maitriser les crues, de stopper la lame saline, de faciliter la navigabilité, de produire de l’électricité. Le Barrage anti-sel de Diama sera mis en service en 1986 et  celui hydroélectrique de Manantali en 1988.

L’accès au crédit est resté pour les producteurs une épine à leurs pieds. Suite aux échecs des  programmes gérés par les défunts ONCAD, BNDS, Fonds mutualiste du développement rural et à la faillite des organismes, la CNCAS est créé en 1984. C’est une société à économie mixte ayant pour missions le financement de l’ensemble des activités agricoles et non agricoles exercées en milieu rural. Dans sa procédure d’octroi des financements, la CNCAS s’associe aux les producteurs ainsi que la SAED pour garantir la faisabilité technique.

A l’aune de cette chronologie des faits, nous sommes convaincus que des efforts notables  ont été faits pour offrir à notre pays un destin de leader agricole. En effet, des investissements ont été faits pour aménager les terres, maîtriser l’eau et garantir l’accès aux crédits.

Les organisations paysannes ont réussi avec l’aide de l’Etat à se formaliser, trouver  un statut juridique et garantir les fonds prêtés par les banques. Ces corporations ont le mérite d’organiser et de planifier toutes les activités d’une campagne. Elles sont les structures par lesquelles les pouvoirs publics agissent aujourd’hui pour moderniser l’agriculture.

Le désengagement partiel de l’Etat à travers la SAED s’est fait au profit des organisations de producteurs. La gestion en régie des stations de pompage  par la SAED a été transférée aux G.I.E villageoises. Cependant, ils n’ont pas pu garder le même niveau d’investissements que la SAED. Il s’ensuivit de mauvais aménagements hydro agricoles des périmètres irrigués villages et privés. En effet, le coût élevé de ces derniers ont conduit les producteurs à réduire les investissements aussi bien pour les réseaux d’irrigation et  de drainage que les réseaux de pistes et autres ouvrages de protection.

  En outre, il est vrai que les techniques culturales ont été assimilées en milieu paysan mais l’utilisation de la fertilisation et des pesticides non raisonnée entrainent des gaspillages et des risques pour la santé des consommateurs. De plus, les techniques post-récoltées ont très peu évoluées. Les appareils de transformation du riz paddy ont un rendement discutable et l’aspect brun du riz inadapté aux goûts du consommateur joue en sa défaveur alors que la technologie existe pour y remédier. Le problème central des organisations paysannes reste la commercialisation du riz. D’aucuns se demandent pourquoi ne pas abandonner la production locale.  Il faudrait néanmoins leur souligner que ce choix serait une erreur stratégique.

L’Indonésie est l’un des premiers producteurs de riz au monde. Exportateur depuis de nombreuses décennies, elle risque de réduire son offre sur le marché mondial pour satisfaire sa consommation intérieure. La conséquence immédiate est une montée des prix du riz. Pour des pays comme le Sénégal, ce serait un désastre si nous n’arrivions pas à produire la précieuse céréale. Il est donc pertinent d’investir pour améliorer aussi bien la qualité que la quantité de notre production, dans la formation des producteurs aux métiers de l’agriculture ainsi que l’encadrement de la filière pour la professionnaliser.

Des années 1960 à nos jours, des investissements importants ont été faits pour faciliter l’accès aux terres cultivables, la maîtrise de l’eau et l’accès au crédit. Le désengagement de l’Etat vis-à-vis des organisations de producteurs ne s’est pas déroulé dans les meilleures conditions. Une solution serait de faciliter l’installation des jeunes formées aux métiers de l’agriculture à travers l’accès à la terre, au crédit et l’incubation des petites entreprises. L’autosuffisance alimentaire relève de la sécurité nationale.

Mohamed Seck

Février 2014

L'arachide ne nourrit plus son homme

                                                                                                    L’arachide ne nourrit plus son homme

 02042012280-4.jpgCulture de rente d’origine sud américaine, l’arachide est la principale culture sous pluie à côté des céréales comme le mil et le sorgho au Sénégal.  Il faut garder à l’esprit que deux types d’arachide sont commercialisés : l’arachide de bouche et l’arachide de qualité huileuse. C’est cette dernière qui  intéresse notre réflexion. Héritage colonial, c’est l’une des filières les mieux organisées.  Le million de tonne a été parfois atteint. L’essentiel de la production fut absorbé par les huileries ou revendu sur le marché international. Depuis plusieurs années, les méventes, les bons impayés, la mauvaise qualité des semences et le retard dans la distribution des intrants sont les difficultés auxquelles se heurtent les producteurs. Autant de choses qui assombrissent l’horizon arachidier.

 L’arachide est une culture adaptée aux sols relativement pauvres du Sénégal et aux conditions climatiques difficiles qui ne favorisent pas une pluviométrie importante. Sa culture est bien maîtrisée en milieu rural. D’ailleurs, la recherche accompagne étroitement la filière. Ainsi, le Centre National de Recherches Agronomiques (CNRA) de Bambey travaille depuis 1915 sur les semences adaptées aux différentes zones de culture, les méthodes culturales et la vulgarisation des nouvelles variétés.

L’arachide continue de jouir d’un statut particulier. Et, chaque année l’Etat du Sénégal finance la campagne par la distribution de semences et de l’urée pour la fertilisation. A la fin de la campagne, l’Etat fixe le prix d’achat au kilogramme en concertation avec les différents acteurs de la filière. Malheureusement,  malgré les efforts des pouvoirs publics, les producteurs continuent à se plaindre de cette commercialisation.

Cet état de fait s’explique de plusieurs manières. En effet, l’activité agricole demande une importante planification allant de la préparation  de la campagne à la commercialisation en passant par les travaux agricoles de terrain. A cela, il faut ajouter le facteur risque qui est non négligeable dans ce domaine. Dés lors une mauvaise planification entrainera des couacs en série. Paradoxalement, la campagne arachidière se prépare au Sénégal 2 à 3 mois avant la saison des pluies. Pour lancer les appels d’offre, choisir les fournisseurs et distribuer les intrants (semences et urée) sur toute l’étendue du territoire national, avec des délais aussi serrés,  il faut une assistance divine…

C’est pour dire que cette politique à tâtons hypothéquera toujours  les futurs résultats.

En faisant abstraction des mauvaises pratiques culturales, du sous-équipement et des goulots d’étranglement, le paysan réussit à obtenir une récolte malgré tout. Eprouvé par le travail et ne comptant que sur sa production pour obtenir de l’argent, il lui faut attendre une décision gouvernementale pour savoir à qui vendre et à combien. Cela pose problème dans un système dit libéral, il est aussi exposé à une chute provoquée des prix par les principaux acheteurs locaux.

 A l’heure où le Sénégal espère se développer à travers l’agriculture, une réforme en profondeur s’impose. Etant donné son pouvoir dans la mentalité des paysans de notre pays, le désengagement doit être progressif. A titre d’exemple, nous nous permettons de proposer deux voies de réformes.

sur-ibnoze-le-30-mars-2013-bonus-bis-015.jpgD’une part, la production de l’arachide doit être libéralisée mais aussi encadrée.  Pour cela, il faudra pousser les huiliers à signer des contrats avec les producteurs en préfinançant la campagne afin d’acheter à la fin de la campagne à un prix connu avant même les semis d’arachide. Cela offre de la sécurité autant pour l’acheteur comme les producteurs. L’exemple de la SODEFITEX  pour le coton est patent. En effet, loin d’appauvrir les planteurs, cette entreprise privée a su en faire des partenaires bien encadrés pour continuer à faire des ventes correctes sur le marché international. De plus, la culture du coton n’a pas empêché les producteurs de la zone cotonnière de s’adonner à des cultures vivrières.

D’autre part, la réorganisation des producteurs en coopératives autoriserait un appui financier des pouvoirs publics pour l’achat de presses à huile. Ces petites unités de productions d’huile non raffinée seront un pas vers une modernisation  de l’agriculture mais aussi un maillon dans la politique d’industrialisation du pays. L’huile produite aura une valeur monétaire supérieure aux graines et pourra être vendue à des entreprises chargées du raffinage. Par cette voie, un nombre important d’emplois sera créé qu’ils soient fixes comme temporaires.

 L’arachide a de par le passé suscité débats et controverses. Elle continue d’en faire l’objet. Les producteurs  souffrent toujours des errements de l’Etat. Notre pays a perdu sa place de premier producteur au profit du Nigeria. De plus, la pression foncière en milieu rural est telle que l’extension n’est plus possible. Il faut donc s’investir à une modernisation et un choix pour la qualité des produits. Fort de l’héritage légué par la recherche, notre pays a les moyens de moderniser son agriculture. Il est par conséquent possible d’améliorer les conditions de vie des paysans en revalorisant leurs productions mais aussi préparer une sortie de la dictature de cette culture.

 Mohamed  Seck

Février 2014

De la nécessité des partis politiques au Sénégal

02042012280-5.jpg     Un  parti politique est l’association d’hommes et de femmes en vue de gérer la cité.  Tout naturellement, l’exercice d’un pouvoir fait appel à la concurrence. On constate qu’en Afrique et en particulier au Sénégal, le parti politique s’identifie à une personne (le secrétaire général) avec le triptyque naissance-vie-mort du parti. Il est souvent très difficile au parti de survivre au départ du leader. En l’état actuel des choses, une question se pose, les partis politiques ne sont –ils pas menacés de disparaître ?

 

                 Toute honte bue, nous sommes d’accord avec cette phrase de Senghor : . Il est vrai que pour adhérer à un idéal, le raisonnement seul  n’est pas suffisant. Cependant, les faits sont là, le militant de nos jours adhère à un parti sans pour autant connaître l’idéologie de l’association et sans passer par l’école du parti. De plus, le secrétaire général est le principal bailleur et de facto, le seul  candidat aux joutes électorales. Dans de telles conditions, la démocratie interne fait office de vœux pieux. L’affaire Malick N. Seck en est le dernier exemple. Le modèle semble avoir atteint ses limites et beaucoup de sénégalais se réclament indépendants des partis. Désormais ils éliront les politiques en fonction de leur programme de société.

Le monde évolue, l’électorat aussi ! La nature ayant horreur du vide, il était nécessaire de repenser la gestion des affaires.

 

                  Face aux difficultés dans les structures traditionnelles, certains citoyens ont proposé de nouvelles façons de faire la politique: ce sont les mouvements citoyens. En effet, jouant la carte de la proximité, ces formations ont réussi à séduire rapidement les sénégalais. Le leader n’est plus nécessairement un politicien expérimenté mais un citoyen pouvant venir de toutes les couches de la société. Le succès ne s’est pas fait attendre comme l’attestent les élections locales de 2009.

 

                      Cette structure nouvelle et innovante sera même reconduite lors de la présidentielle. Hélas, l’idée ne fit pas long feu. Les candidats des mouvements citoyens se sont retrouvés moins de trois ans après avec des scores peu satisfaisants lors de la présidentielle et des législatives.

Les raisons sont à chercher sur le caractère symbolique que renvoie l’image du président de la République. Père de la nation, il doit être quelqu’un qui soit bien connu des sénégalais. Et c’est cela le point faible des candidats quasi-néophytes en politique et mal connus sur le plan national.

 

                   En définitive, le parti politique traditionnel, fort de son expérience à travers les années de lutte ou de gestion du pouvoir est difficile à déloger du subconscient de l’homo-senegalensis. Malgré toutes les critiques, il a encore un bel avenir. Ni la nouveauté dans le discours, ni la proximité des leaders « indépendants » ne semblent suffire pour  vaincre l’hégémonie des partis politiques. Les sénégalais préfèrent élire un «  technocrate » au niveau local mais pas à  la magistrature suprême.

 

Mohamed Seck