« Térangas », cette pratique sociétale qui dérange !
Le Sénégal est communément appelé pays de la téranga. Ce terme est synonyme d’hospitalité dans le sens le plus connu. Souvent utilisé au pluriel, il signifie cadeaux ou présents. Aussi dans la société sénégalaise, c’est devenue une règle tacite pour la maman de la mariée d’honorer à travers une remise publique de cadeaux, les parents au sens large de l’époux. Source de stabilité ou de conflits ? Cette pratique suscite aujourd’hui moult controverses.
Le mariage est l’union des âmes. C’est la rencontre entre deux individus de deux sexes différents et qui choisissent de s’unir selon les règles de la société. A cela, il faudrait ajouter qu’il est aussi l’union de deux familles. Si pour la cérémonie religieuse, le futur époux doit verser la dot; à la naissance du premier bébé, la règle non écrite oblige l’épouse à offrir des cadeaux à sa belle famille. Cette cérémonie qui n’est d’ailleurs pas dictée par la religion pose problème en ce sens qu’elle est coûteuse, financièrement parlant.
Sous le fallacieux motif qu’une importante somme d’argent fut versée pour la dot, la belle famille exige souvent la Téranga. En attendant, que cela se fasse, des beaux parents belle-mère ou belle-sœur, n’hésitent pas à transformer la vie de la mariée en enfer. A travers des provocations verbales, elles mettent la pression sur cette dernière. Ainsi, la stabilité du couple est remise en cause. D’ailleurs, certaines femmes évoquent, cette raison comme la cause de leur divorce.
Durant cette mondanité, sont généralement présents les femmes membres des deux familles ainsi que d’autres invité(e)s. La mère de la mariée assistée de ses cousines et de sa griotte offre tissus et argent. Avec la modernité, une liste des noms de la famille à honorér, préalablement constituée, est consultée.
Dans le principe, il s’agit d’offrir à chaque membre de la famille de l’époux un tissu et l’argent qui va avec pour la confection de l’habit. Le ridicule sera atteint lorsque pour montrer leur noblesse, ceux qui recevront ces cadeaux les redistribueront sitôt aprés à une autre personne de l’assistance ou absente, sous le regard de la griotte, maîtresse de cérémonie.
C’est seulement après cette prouesse de gaspillage financière que l’épouse sera jugée digne de sa belle famille. D’ailleurs, au cours de la cérémonie plusieurs membres de la famille de l’époux essentiellement les femmes prendront la parole pour témoigner que leur fils, neveu ou frère a choisi une bonne épouse. Surprenante manière de témoigner d’une affection !
Aujourd’hui, il faut le reconnaître beaucoup de jeunes couples s’insurgent contre cette pratique. Ce boulet continue de leur plomber les ailes au moment où la cherté de la vie appauvrit les mariés. N’ayons pas peur de le dire, c’est tout simplement de l’hypocrisie que de vouloir banaliser ce gaspillage. D’autant plus que faire la Téranga à sa belle famille, ne garantit pas à l’épouse une vie paisible. Combien en sont sorties avec des dettes ou l’insatisfaction de parents et malheureusement le divorce ? A l’heure où on parle d’efficience, il aurait mieux valu pour ces parents d’offrir à ces jeunes qui s’unissent, les moyens de leur indépendance économique gages pour certains couples d’une réussite de leur mariage.
Mohamed Seck
Mai 2014
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